CHAPITRE VIII
LEQUEL ?
Battle promena son regard de l’un à l’autre. Une seule personne répondit à sa question. Mme Oliver, toujours prête à donner son avis, ne laissa pas échapper cette occasion :
« La jeune fille ou le médecin. »
Le chef de police interrogea les deux hommes d’un coup d’œil ; ni l’un ni l’autre ne voulaient se prononcer. Race hocha la tête. Poirot aplatit méticuleusement ses marques de jeu froissées.
« L’un d’eux a commis le crime ! murmura Battle, l’air rêveur. L’un d’eux ment comme un démon. Mais qui est-ce ? Problème ardu entre tous. »
Après un long silence, il reprit :
« Si nous les écoutions, le toubib accuse Despard, celui-ci, à son tour, accuse le toubib, la jeune fille soupçonne Mme Lorrimer… et Mme Lorrimer garde sa langue. Aucune lumière de ce côté-là !
— Possible », dit Poirot.
Battle lui lança un rapide coup d’œil.
« Vous en voyez, vous ? »
Poirot fit un geste vague de la main.
« Oh ! une lueur… pas davantage. Pas de bases bien solides.
— Et vous, colonel, voulez-vous nous faire connaître votre avis ?
— Il n’y a aucune preuve, répondit Race.
— Oh ! ces hommes ! soupira Mme Oliver, méprisant une telle réticence.
— Passons rapidement en revue nos présomptions sur les quatre coupables éventuels, annonça Battle après un instant de réflexion. Je commencerai par le médecin. Celui-là sait exactement où frapper, mais rien d’autre ne l’accuse. Ensuite Despard. Cet homme, doué d’une grande énergie, a l’habitude du danger et des décisions rapides. Mme Lorrimer ? Elle non plus ne manque pas de cran, et elle appartient à cette catégorie de femmes qui peuvent avoir un secret dans leur vie. On voit qu’elle a souffert. D’autre part, je la crois à cheval sur les principes… elle remplirait admirablement les fonctions de directrice d’un pensionnat de jeunes filles. On ne l’imagine guère plantant un poignard dans le cœur d’un homme. En dernier lieu, Miss Meredith. Nous ignorons tout sur son compte, sauf que c’est une jolie fille, à l’air plutôt timide. Mais, je le répète, nous ne savons rien à son sujet.
— Pardon : nous savons que Shaitana la croyait coupable d’un meurtre, rectifia Poirot.
— Un visage angélique cachant une âme de démon, murmura Mme Oliver.
— Où tout cela nous mène-t-il, Battle ? demanda le colonel Race.
— À votre sens, ce sont là des discussions oiseuses, n’est-ce pas ? Eh bien, permettez-moi de vous dire que, dans une affaire de ce genre, bien des hypothèses s’imposent à l’esprit.
— Ne serait-ce pas plus indiqué de fouiller la vie de ces gens-là ? »
Battle sourit.
« Nous n’y manquerons pas. Là, vous pourrez nous être très utile.
— Oui, mais comment ?
— Prenons le major Despard. Il a voyagé beaucoup à l’étranger… dans l’Amérique du Sud, dans l’Est et le Sud africain… Vous êtes bien placé pour obtenir des renseignements là-bas. »
Race approuva.
« Je m’en charge et vous transmettrai tous les rapports que je recevrai.
— Oh ! s’écria Mme Oliver. J’ai une idée. Ici, nous sommes quatre, quatre limiers, pourrait-on dire… et quatre de l’autre côté ! Si chacun prenait le sien ! Cela vous va ? Le colonel Race s’occupe du major Despard, le chef de police Battle du docteur Roberts, moi d’Anne Meredith et M. Poirot de Mme Lorrimer. Chacun de nous suivra sa propre initiative. »
Battle secoua énergiquement la tête.
« La chose est impossible, madame Oliver. Il s’agit d’une enquête officielle confiée à mes soins. Je dois la mener sur tous les fronts à la fois. Deux d’entre nous peuvent vouloir miser sur le même cheval ! Le colonel Race n’a jamais dit qu’il soupçonnait le major Despard et M. Poirot n’est peut-être pas décidé à mettre tout son enjeu sur Mme Lorrimer. »
Mme Oliver poussa un soupir.
« Mon plan était pourtant si pratique, si clair ! »
Puis elle se ressaisit et demanda :
« Vous me laisserez tout de même me livrer à une petite enquête personnelle, n’est-ce pas ?
— Je n’y vois pas d’inconvénient, répondit lentement le chef de police. Et pourquoi m’y opposerais-je ? Vous avez participé à cette fatale soirée, vous êtes naturellement libre d’obéir aux caprices de votre curiosité ou à vos intérêts. Toutefois, je me permets de vous conseiller une grande prudence.
— Je suis la discrétion même, dit Mme Oliver. Je ne soufflerai mot de ceci à personne.
— Je crois, madame Oliver, que vous vous méprenez sur le sens des paroles de M. Battle, dit Poirot. Il veut dire que vous aurez affaire à un criminel qui, autant que nous le sachions, a commis au moins deux assassinats. Il n’hésiterait pas, croyez-moi, à tuer une troisième fois en cas de nécessité. »
Mme Oliver le considéra pensivement. Puis elle sourit à Poirot et lui dit :
« Une personne prévenue en vaut deux. Merci, monsieur Poirot. Je me tiendrai sur mes gardes. Mais je n’accepte pas d’être évincée de l’enquête. »
Poirot salua avec galanterie :
« Madame, mes félicitations. Vous avez du cran.
— Je propose, fit Mme Oliver en se redressant et s’exprimant comme une présidente de comité, que nous ne conservions point par devers nous les données recueillies. Quant à nos déductions personnelles et à nos impressions, libre à nous de les garder. »
Battle intervint :
« Il ne s’agit pas d’un roman policier, madame Oliver.
— Tous les renseignements seront transmis à la police », appuya Race.
Cela dit, il ajouta avec un malicieux clignement d’œil :
« Nul doute que vous ne jouiez franc jeu, madame Oliver. Vous voudrez bien remettre au chef de police Battle, ici présent, le gant taché, l’empreinte digitale sur le verre à dents et les morceaux de papier à demi carbonisés.
— Riez à votre aise, dit Mme Oliver. Mais l’intuition féminine… »
Elle hocha la tête avec décision. Race se leva.
« Entendu : je me charge de Despard. Mes démarches exigeront peut-être un certain temps. Puis-je rendre d’autres services ?
— Non, je ne crois pas, merci, monsieur. N’avez-vous aucune suggestion à nous faire ? Je l’apprécierais fort.
— Hum ! À votre place, je craindrais un coup de revolver, l’effet d’un poison ou un accident quelconque, mais j’espère que vous vous tenez déjà sur vos gardes.
— Je suivrai votre conseil.
— Ce brave Battle ! Ce n’est guère à moi de vous apprendre votre métier. Bonne nuit, madame Oliver, bonne nuit, monsieur Poirot ! »
Saluant une dernière fois Battle, le colonel Race quitta la pièce.
« Que savez-vous sur le compte du colonel ? interrogea Mme Oliver.
— Excellents états de service, dit Battle. A beaucoup voyagé… peu de pays lui sont inconnus.
— Service secret, sans doute ? Inutile de répondre : je le devine, autrement il n’aurait pas été invité à la réception de ce soir. Les quatre assassins et les quatre limiers : Scotland Yard, Service secret, détective privé et auteur de romans policiers. Tout y est, idée originale ! »
Poirot hocha la tête.
« Je ne partage pas votre avis, madame. L’idée était plutôt stupide. Le tigre, alarmé, a bondi.
— Le tigre ? Pourquoi le tigre ?
— Par le tigre, j’entends le meurtrier », acheva Poirot.
Battle lui demanda à brûle-pourpoint :
« Selon vous, quelle est la meilleure tactique à suivre, monsieur Poirot ? J’aimerais à connaître votre opinion sur la psychologie de ces quatre personnes. Vous êtes fort sur ce point. »
Tenant toujours en main ses marques de bridge, Poirot répondit :
« Vous avez raison, la psychologie a une importance capitale. Nous savons le genre de crime qui vient d’être commis et la façon dont il a été exécuté. Si, du point de vue psychologique, un des assassins présumés ne peut avoir perpétré cet acte, mettons-le de côté. Nous savons certains détails sur la mentalité et le caractère de ces gens, d’après leur manière de jouer au bridge, leur écriture et leurs marques. Malheureusement, il est très difficile de prononcer un jugement définitif. Cet assassinat réclamait du courage et de l’audace… Le coupable n’ignorait point le risque qu’il courait. Prenons d’abord le docteur Roberts, un esbroufeur. Souvenez-vous comment il annonçait toujours au-dessus de son jeu. Plein d’assurance en lui-même, le danger ne l’aurait pas fait reculer. Sa psychologie répond bien à celle du criminel. Nous serions enclins, pour des raisons contraires, d’exclure Miss Meredith du champ de nos observations. Timide, effrayée à l’idée d’annoncer plus fort que son jeu, soigneuse, économe et prudente, elle manque de confiance en soi. En somme, la dernière personne que l’on soupçonnerait capable d’un tel crime. Mais n’oublions pas que la peur pousse parfois les gens les plus timorés. Acculés au désespoir comme des rats traqués, la colère leur insuffle du courage. Si Miss Meredith avait un crime à se reprocher dans le passé et qu’elle eût soupçonné M. Shaitana de connaître son secret et d’avoir eu l’intention de la livrer à la police, elle n’eût pas hésité à se débarrasser d’un témoin aussi dangereux. Bien que provoqué par des raisons différentes, le résultat eût été le même. Examinons ensuite le cas du major Despard. Cet homme de ressources, plein de sang-froid, n’eût pas hésité à frapper en cas de nécessité, après avoir pesé le pour et le contre et entrevu une chance en sa faveur. C’est le genre d’individu pour qui l’action compte avant tout et qui accepte le risque s’il espère réussir. Enfin, il y a Mme Lorrimer, femme d’un certain âge, mais en pleine possession de ses facultés. Personne calme et d’un esprit mathématique, je la considère comme la plus intelligente des quatre. Si je la soupçonnais, je m’attendrais de sa part à de la préméditation. Je la vois préparant son crime lentement et méticuleusement, s’assurant que rien ne laisse à désirer dans son plan. Pour cette raison, elle me paraît moins indiquée que les trois autres. Douée d’une volonté inflexible, tout ce qu’elle entreprend, elle doit l’exécuter sans la moindre défaillance. C’est, croyez-m’en, une femme remarquable. »
Il fit une pause.
« Vous le voyez, nous ne sommes guère plus avancés. Non… il ne nous reste qu’un seul parti à prendre : fouiller le passé. »
Battle soupira :
« Vous l’avez déjà dit, monsieur Poirot.
— M. Shaitana était convaincu que chacun des quatre convives en question avait un crime sur la conscience. En avait-il la preuve ou simplement de fortes présomptions ? Nous l’ignorons. Toutefois, il semble improbable qu’il fût en possession de témoignages formels.
— Là-dessus, je suis d’accord avec vous, lui dit Battle en hochant la tête. Ce serait vraiment une coïncidence inouïe.
— Voici, à mon avis, ce qui a dû se produire. À table, on a parlé de meurtres accomplis sous différentes formes et M. Shaitana a surpris certaines expressions sur les traits d’un de ses hôtes. Très physionomiste, il s’amusait volontiers, sans en avoir l’air, à faire des petits sondages, au cours de conversations apparemment innocentes. Rien ne lui échappait, un clignement d’œil, une réticence, un effort pour faire dévier le sujet. Il est facile, lorsqu’on pressent un secret, d’en provoquer la confirmation. Chaque fois qu’une réflexion atteint son but, vous vous en apercevez… pour peu que vous observiez le visage de vos interlocuteurs.
— Voilà le genre de sport auquel se livrait notre défunt ami, déclara Battle.
— Nous pouvons en déduire qu’il a agi de la sorte dans un ou plusieurs cas. Dès qu’il obtenait une preuve évidente, il poussait son expérience plus avant. Quant à nos quatre personnages, je doute qu’il ait eu suffisamment de certitudes pour s’adresser à la police.
— Peut-être n’est-ce point là la vraie raison, dit Battle. À l’occasion d’une mort suspecte, les soupçons se portent souvent sur l’entourage, mais, dans l’indécision, on classe l’affaire. Il nous faudrait examiner les antécédents de nos quatre individus afin d’y découvrir les morts demeurées inexpliquées. J’espère que vous avez relevé, à l’instar du colonel, les paroles de Shaitana pendant le dîner.
— L’ange noir, murmura Mme Oliver.
— Une allusion directe au poison, aux facilités et tentations d’un médecin, aux accidents de chasse et autres. Je ne serais pas surpris qu’il eût signé sa condamnation à mort en prononçant cette phrase.
— Le moment était lourd d’angoisse, déclara Mme Oliver.
— Oui, dit Poirot. Ces paroles ont dû frapper un des invités… et celui-ci, suspectant Shaitana d’en savoir beaucoup plus long, y a vu le prélude de sa débâcle. Il a cru à une mise en scène dramatique montée de toutes pièces par Shaitana et devant se terminer, au dernier acte, par l’arrestation sensationnelle de l’assassin. Comme vous venez de le dire, Shaitana a signé sa condamnation à mort en jouant ainsi avec le feu. »
Un silence régna quelques instants.
« La tâche sera longue et ardue, annonça Battle en poussant un soupir. Pour l’instant, agissons avec prudence, afin que les quatre suspects ne soupçonnent pas nos intentions. Nos interrogatoires devront leur laisser l’illusion que seule la mort de M. Shaitana nous intéresse. Ils ignoreront ainsi que nous flairons le mobile du crime. Le hic sera de retrouver dans le passé quatre crimes éventuels… et non un seul. »
Poirot hésita avant de parler.
« Notre ami, M. Shaitana, n’était pas infaillible, il peut avoir commis une erreur.
— Sur les quatre ?
— Non… il était trop intelligent pour cela.
— Disons sur la moitié ?
— Même pas. Moi, je dirai un sur quatre.
— Un innocent et trois coupables ? Ce n’est déjà pas mal. L’ennui, c’est que si nous parvenons à découvrir la vérité sur le passé, cela ne nous avancera guère. Si l’un d’eux a poussé sa vieille tante dans l’escalier en 1912, comment ce renseignement nous servira-t-il pour un crime commis en 1939 ?
— Pardon, pardon, il peut nous être très utile, encouragea Poirot. Vous le savez d’ailleurs, aussi bien que moi. »
Battle hocha lentement la tête.
« Si je devine votre allusion, dans les deux crimes, le procédé aura été identique ?
— Pas nécessairement, madame Oliver, lui dit Battle ; cependant au fond, ce sera le même genre de crime. Les détails peuvent différer, mais pas les points essentiels. Fait bizarre, un criminel se trahit toujours de cette façon-là.
— L’homme est un animal qui manque d’originalité, conclut Poirot.
— Les femmes possèdent un esprit plus inventif, déclara Mme Oliver. Ainsi, moi, je ne commettrais jamais deux fois le même crime.
— Et dans vos livres, répétez-vous deux fois la même intrigue ? demanda Battle.
— Le crime du lotus, Le mystère de la tache de cire », murmura discrètement Poirot.
Mme Oliver se tourna vers lui, radieuse.
« Vous êtes un très fin observateur, monsieur Poirot. Certes, l’intrigue est exactement semblable dans les deux ouvrages, mais vous êtes le seul à l’avoir remarqué. Le premier traite d’un vol de documents durant un week-end du ministère, et l’autre, d’un assassinat à Bornéo, dans le bungalow d’un planteur de caoutchouc.
— Mais le point essentiel autour duquel pivote l’histoire ne change pas, insista Poirot. C’est une de vos intrigues les mieux réussies. Le planteur de caoutchouc prépare son propre meurtre… Le ministre prémédite le vol de ses propres dossiers. À la dernière minute, un tiers apparaît et transforme l’illusion en réalité.
— J’ai beaucoup aimé votre dernier roman, madame Oliver, lui dit le chef de police Battle, d’un ton aimable. Celui dans lequel tous les chefs de police ont été abattus simultanément. Vous avez glissé une ou deux fois sur des détails d’ordre officiel. Je sais que vous vous attachez fort à l’exactitude des faits, aussi je me demande si… »
Mme Oliver l’interrompit :
« En réalité, je me moque éperdument de la précision des détails. De nos jours, qui tient à la stricte vérité ? Personne. Si un reporter écrit qu’une jolie blonde de vingt-deux ans s’est suicidée en ouvrant le robinet du gaz après avoir jeté un dernier coup d’œil vers la mer et donné un baiser d’adieu à Bob, son chien favori, un labrador ; qui protestera en apprenant que la chambre prenait vue sur la campagne et que le chien était un terrier Sealyham répondant au nom de Bonnie ? Si un journaliste peut se permettre de telles libertés, quel inconvénient voyez-vous à ce que je mêle les grades des officiers de police, que j’appelle un revolver un automatique, un dictographe un phonographe, et que j’emploie un poison qui vous laisse juste le temps de prononcer une phrase avant de tourner de l’œil ? L’essentiel, c’est une abondance de cadavres. Si l’histoire languit, un peu de sang lui redonne de l’intérêt. Un personnage va-t-il révéler un important secret ? Je fais taire ce bavard en le supprimant. Cet épisode se digère très bien. Je le sers dans tous mes romans… camouflé de manière différente, bien entendu. Mes lecteurs raffolent de poisons qui ne laissent aucune trace, des inspecteurs de police stupides, des jeunes filles ficelées dans les caves où l’eau afflue avec des émanations d’égout (façon bien compliquée de tuer quelqu’un en vérité) et de héros capables de disposer de trois à sept hommes de main. Jusqu’ici j’ai écrit trente-deux romans, tous exactement les mêmes, ainsi que l’a remarqué M. Poirot – mais lui seul – et mon seul regret est d’avoir donné à mon détective la nationalité finlandaise. Je ne connais rien de la Finlande et je reçois des avalanches de lettres de ce pays me reprochant d’avoir fait dire ou commettre à mon détective des choses impossibles. En Finlande, les lecteurs semblent friands de romans policiers. Ce goût est dû sans doute aux longs hivers sans soleil. En Bulgarie et en Roumanie, je crois que personne ne lit. J’aurais été mieux inspirée d’en faire un Bulgare. »
Elle s’interrompit.
« Oh ! pardon ! Je ne parle que de mes propres affaires… alors qu’il s’agit ici d’un véritable crime. »
Son visage s’éclaira. « Quelle surprise, si aucun des quatre n’avait commis le crime ! Si Shaitana les avait tous quatre invités et s’était suicidé pour le simple plaisir de jouer une farce à la police ? »
Poirot approuva d’un signe de tête :
« Solution admirable : si claire, si ironique ! Hélas ! M. Shaitana n’était pas ce genre de plaisantin. Il aimait beaucoup trop la vie pour supprimer la sienne si ingénument.
— Je ne crois pas qu’il brillait par la bonté, observa Mme Oliver.
— Non, dit Poirot, mais il était vivant et le voilà mort. Comme je lui en faisais la remarque, j’adopte envers le meurtre une attitude bourgeoise. Je ne puis donc que le désapprouver. »
Il ajouta à voix basse :
« Là-dessus, je suis prêt à entrer dans la cage du tigre… »